Christelle MORANÇAIS, Présidente de la région Pays de la Loire : « il va falloir rénover 1 million de logements d’ici 2050 dans la Région »

La promotion de la qualité de l’habitat et la rénovation énergétique des logements sont au cœur des politiques publiques et des actions menées par les collectivités locales. Christelle MORANÇAIS, Présidente de la région des Pays de la Loire, en fait un axe fort des politiques d’aménagement du territoire et revient pour QUALITEL, sur les grands enjeux de sa région dans ce domaine.

La région des Pays de la Loire a adopté un plan d'actions ambitieux pour la transition écologique dans lequel figurent notamment la construction durable et la rénovation énergétique des logements. Comment appréhendez-vous le défi de la rénovation sur votre territoire ?

Il va falloir rénover 1 million de logements d’ici 2050 dans les Pays de la Loire. C’est absolument colossal, mais c’est aussi, et c’est même surtout, un vecteur d’opportunités, d’emplois et de croissance sans équivalent. On évalue à 60 000 emplois le potentiel de recrutement de la filière d’ici 2030. Nous tentons de calibrer notre offre de formations professionnelles (les régions sont compétentes en matière de formation des demandeurs d’emploi) en fonction des besoins réels des entreprises, dont nous savons qu’elles souffrent particulièrement de la pénurie de main d’œuvre. Aider la filière à répondre au défi de l’emploi et des compétences : c’est la priorité de la région.

Votre Région est particulièrement dynamique et bénéficie d'une forte attractivité. L'offre en logements est-elle suffisante et adaptée ? Comment faites-vous converger qualité de l'habitat, respect des exigences environnementales et besoins croissants de logements ?

Nous accueillerons entre 500 et 800 000 habitants d’ici 2050, soit l’équivalent d’une nouvelle métropole nantaise. Nos besoins en logements sont évidemment considérables. Et cela rend la crise que traverse le secteur, et qui a la particularité de n’épargner personne (l’accession à la propriété, le logement social, le locatif privé, la construction) encore plus préoccupante…

Les régions se distinguent des métropoles, des intercommunalités ou des communes en ce qu’elles ne délivrent pas de permis de construire. Notre rôle est différent : nous travaillons sur la stratégie et la planification territoriale, et nous éditons un document important, que la loi désigne sous le vocable barbare « SRADDET » (schéma régional d’aménagement et de développement durable du territoire), qui fixe, en matière d’aménagement et d’habitat, des objectifs opposables en termes de réduction des émissions à effet de serre, de production énergétique, ou de réduction de l’étalement urbain – avec le fameux ZAN (zéro artificialisation nette), qui va s’imposer progressivement d’ici 2050 et que les régions ont la charge de décliner dans les territoires.

Notre économie est traversée par des logiques de rupture : numérique, robotique, IA, impératifs écologiques…, et l’immobilier au sens large n’y échappe pas.

Nous devons parvenir à faire converger des impératifs qui peuvent apparaître contradictoires : construire plus, construire mieux, réindustrialiser des pans entiers de l’économie. Le tout en limitant au maximum le prélèvement de terres naturelles ou agricoles.

Nous devons inventer une nouvelle façon d’habiter la ville – une ville plus dense, plus ramassée, plus efficace, plus juste aussi.

Nous devons inventer un nouvel équilibre entre nos villes et nos campagnes, qui ne doivent pas être les laissées-pour-compte des politiques d’aménagement.

Nous devons inventer une nouvelle régulation du foncier disponible, qui se raréfie et qui va devoir porter cette logique de la sobriété, qui n’est pas la décroissance, mais qui consiste à faire mieux avec moins.

C’est vertigineux, mais c’est absolument passionnant !

Quels moyens et/ou leviers avez-vous déployés dans le secteur du logement pour accompagner les particuliers et les bailleurs ?

La région n’est pas l’Etat : nous ne sommes pas une collectivité prescriptrice de normes et de régulation. Nous sommes une véritable collectivité d’impulsion. Je suis très fière d’avoir poussé très loin nos partenariats avec EnergieSprong et NOVABUILD ou d’avoir contribué positivement au déploiement rapide des PTRE (plateformes territoriales de la rénovation énergétique) à travers les 5 départements des Pays de la Loire. Mais, face aux mutations très fortes que nous traversons, je considère que le rôle des régions est amené à évoluer au cours des années qui viennent, notamment sur les enjeux du foncier disponible, et de l’accompagnement des territoires face à la nouvelle logique d’aménagement qui va s’imposer.

La Région accompagne la mise en œuvre des fonds FEDER destinés notamment au financement des opérations de rénovation énergétique. Comment évaluez-vous les résultats attendus ? La certification fait-elle partie des outils pertinents d'évaluation ?

Nous avons fait le choix politique d’orienter fortement les fonds européens, issus de la nouvelle programmation FEDER, vers la rénovation thermique, aussi bien du parc de logements, y compris sociaux, que des bâtiments publics stratégiques, et notamment nos universités et nos lycées. Ces opérations mobilisent des dizaines de millions d’euros d’argent public, qui nécessitent, de mon point de vue, d’être accompagnés d’outils d’évaluation et de certification rigoureux et performants.

Lors du dernier congrès de l'USH qui s'est déroulé à Nantes, NOVABUILD, l'Alliance HQE - GBC et CERQUAL Qualitel Certification ont poursuivi leurs échanges en faveur d'une construction durable pour les opérations en Pays de la Loire. Saluez-vous de telles initiatives sur votre territoire ?

Je ne peux que les saluer et les encourager ! Dans le contexte qui est le nôtre, la mobilisation de tous est indispensable. La crise que nous traversons et les défis auxquels nous faisons face nous obligent à requestionner et à nous réinventer. Et nous ne pourrons y arriver qu’ensemble : public et privé !

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