Le Groupe Mas Provence et ses marques ont fait récemment l’objet de transformations. Quelles sont-elles ? Quelles ont été les motivations de ces évolutions, et pour quel résultat attendu ?
Le projet de transformation que nous avons lancé s’intitule « Cobalt 2026 ». Il vise à adapter notre positionnement et notre organisation aux enjeux actuels et futurs de la maison individuelle, dans un contexte post-crise particulièrement difficile.
Il a pour ambition de renforcer la résilience de l’entreprise en abordant tous les leviers stratégiques :
- l’évolution des usages de la maison individuelle ;
- les impératifs environnementaux comme le bas carbone ou la sobriété foncière (ZAN).
Mas Provence a une histoire solide : plus de 50 ans d’existence, avec une impulsion décisive apportée par Maurice Armand dès les années 1986-1987. Nous bénéficions donc d’un socle historique de compétences, de notoriété et de réputation.
Cette transformation a d’abord concerné notre modèle managérial, avec la mise en place d’une organisation plus matricielle et collaborative. L’objectif : redonner la parole aux collaborateurs, certains présents depuis des décennies, afin qu’ils participent pleinement à la co-construction de ce nouvel élan. Cette dynamique permet de sortir d’un schéma vertical pour construire une entreprise agile, connectée à ses talents et capable d’évoluer collectivement.
Elle porte ensuite sur l’élargissement de notre offre de services afin de répondre aux attentes de nos clients :
- de la compétitivité-prix avec Esprit Mas Accession ;
- de la personnalisation avec Esprit Mas ;
- du sur-mesure et du haut de gamme, le cœur du Groupe, avec Mas Provence.
Nous adressons désormais également les professionnels, les bailleurs, les promoteurs, etc. via notre marque Mas Provence Solutions.
Enfin, nous lançons en septembre notre offre de rénovation globale avec Mas Rénov pour anticiper la conséquence du ZAN entre autres. L’enjeu est de repositionner le Groupe comme un acteur référent du sur-mesure dans la région Sud et d’atteindre le CA de 50 millions d’euros à l’horizon 2028.
Vous défendez une approche collaborative et une communication étroite avec vos clients pour coconstruire avec eux l’habitation de leur rêve. Quelles principales attentes formulent-ils auprès de vos équipes en matière de qualité de l’habitat ?
Aujourd’hui, les clients qui choisissent la maison individuelle sont généralement plus autonomes et dispose de budget plus important. Ce type d’acquisition est devenu plus rare, en raison notamment de la hausse des coûts de construction et des terrains, et d’un accès au crédit plus difficile.
Ces clients ne recherchent pas seulement un constructeur, mais un véritable partenaire capable de les accompagner dans l’ensemble de leur projet de vie. La maison n’est plus simplement un bien immobilier, mais un cadre de vie évolutif. Ils s’interrogent sur leur avenir :
- leur vieillissement ;
- l’autonomie ;
- les besoins de leurs enfants ;
- la possibilité de faire du locatif saisonnier ;
- ou encore des considérations de santé.
Tout doit être pensé en amont : la maison, les extérieurs, la piscine… Tout doit être livré fini.
Leur exigence ne se limite donc pas à la qualité de la construction. Ils attendent une réponse globale, cohérente avec leurs usages présents et futurs. Cela inclut l’anticipation des problématiques liées à leur mode de vie, leur âge, les évolutions réglementaires, ou encore les performances énergétiques.
Grâce à la réglementation RE2020, les maisons neuves sont aujourd’hui très performantes sur le plan thermique. L’enjeu est donc davantage dans l’usage : comment on vit dans la maison, comment elle se comporte en été comme en hiver, comment elle gère les ressources comme l’eau ou l’énergie.
Finalement, le client ne vient plus chercher uniquement une réponse technique : il attend une solution personnalisée, un accompagnement intelligent et rassurant, et un projet qui s’inscrit dans la durée. Et bien sûr, la qualité d’exécution reste une exigence fondamentale, mais elle est désormais considérée comme acquise. C’est notre socle, notre réputation.
Existent-ils des attentes spécifiques liées au fait de construire des maisons haut de gamme en Provence Alpes Côte d’Azur et Occitanie (confort thermique, ensoleillement, matériaux durables etc) ? Ont-elles évolué ces dernières années ?
Oui, et ces attentes se sont nettement renforcées ces dernières années, notamment sous l’impulsion de la réglementation RE2020. Elle a profondément transformé la manière de concevoir les maisons dans le sud de la France, quel que soit leur niveau de gamme. En particulier, l’intégration du confort d’été qui a eu un impact déterminant sur les projets.
Dans le haut de gamme, et plus généralement dans le sur-mesure, les clients attendent une approche globale, pensée dès l’origine. Il ne s’agit pas seulement de bâtir une maison, mais de concevoir un cadre de vie complet : aménagements extérieurs, piscine, système d’arrosage, choix des matériaux, décoration intérieure, confort acoustique, qualité de l’air… Tout doit être réfléchi, planifié et livré en même temps que la maison elle-même. Il n’y a plus de place pour les projets en plusieurs phases.
Le climat local impose aussi des exigences particulières. L’ensoleillement intense pousse à imaginer des solutions architecturales et techniques spécifiques :
- maîtrise de la lumière et de la chaleur ;
- création d’inertie thermique ;
- optimisation de la ventilation ;
- gestion fine de l’eau, ressource de plus en plus précieuse.
Avec le réchauffement climatique, les épisodes extrêmes se multiplient (vagues de chaleur, pluies intenses) et rendent ces dispositifs non seulement utiles, mais essentiels. Ils ne sont pas un « plus », mais une condition indispensable pour garantir le confort et la durabilité du logement dans notre région.
Vous êtes engagé depuis plus de 25 ans dans une démarche de certification avec Cerqual, dont 10 ans avec la marque NF Habitat. Dans quelles mesures NF Habitat est-elle un outil pertinent pour répondre aux attentes de vos clients et aux enjeux environnementaux actuels ?
Il y a 25 ans, Maurice Armand a choisi d’engager le Groupe dans la certification NF Maison Individuelle, devenue NF Habitat en 2015. Ce choix s’est révélé stratégique à un moment où Mas Provence était en pleine phase de structuration et de développement. La certification nous a offert un cadre d’exigence qui venait compléter notre propre démarche interne de qualité.
Au-delà de son intérêt commercial, car elle rassure les clients et donne de la crédibilité à notre promesse, cette démarche a profondément structuré l’entreprise. Elle a permis de créer un langage commun autour de la qualité, que ce soit en interne, entre les équipes, ou avec nos sous-traitants et partenaires.
Un autre avantage majeur : la certification a été un véritable levier de formation et de progression. Grâce aux audits et aux contrôles réalisés par des organismes tiers indépendants, nous avons bénéficié d’un accompagnement précieux. Ces contrôles ne se contentent pas de vérifier, ils servent aussi à conseiller et à faire monter en compétences l’ensemble des équipes.
Sur le plan client, cette reconnaissance rassure, bien sûr. Elle apporte la preuve que la qualité est intégrée à tous les niveaux de l’entreprise, du commercial jusqu’à la livraison. C’est un atout fort, la certification a permis de professionnaliser les pratiques.
Enfin, cette démarche nous a permis d’étendre notre référentiel de qualité à chaque nouvelle agence, dans chaque nouveau territoire. Elle a donc accompagné notre croissance géographique tout en assurant une cohérence globale.
En somme, la certification a été, il y a 25 ans et reste aujourd’hui un pilier de notre développement : elle a solidifié nos bases techniques et organisationnelles, tout en posant les fondations nécessaires pour aborder l’avenir avec confiance. Grâce à elle, notre crédibilité technique est acquise, ce qui nous permet aujourd’hui de nous concentrer pleinement sur l’accompagnement du projet de vie de nos clients.
Comment cette démarche de certification s’intègre-t-elle dans votre politique RSE ?
Notre politique RSE repose sur deux grands piliers : l’humain et l’environnement, en particulier la réduction de l’empreinte carbone. La certification joue un rôle clé dans chacun de ces domaines.
Sur le plan humain, nos métiers sont fondés sur le compagnonnage. La certification offre un cadre structurant qui permet à chaque collaborateur de s’autoévaluer objectivement. Cela renforce le sentiment de fierté et la perception du travail bien fait, ce qui contribue directement à la qualité de vie au travail.
Elle favorise aussi un environnement d’apprentissage, que ce soit pour les jeunes qui entrent dans la profession, pour ceux qui changent de métier, ou pour les profils plus expérimentés. Le référentiel devient alors un outil de transmission du savoir-faire, indépendant de la hiérarchie, et donc plus universel. Il crée un socle partagé, rassurant et stimulant.
Côté environnemental, la certification nous impose rigueur et méthode. Cela nous permet d’intégrer l’innovation de façon structurée, en testant et validant chaque évolution avec des outils fiables. Cette exigence est essentielle dans un contexte où les contraintes s’accumulent (ZAN, construction bas carbone, réduction des surfaces) et où l’innovation devient incontournable.
Finalement, cette certification nous aide à répondre à nos enjeux RSE de manière concrète et durable : elle soutient notre engagement envers nos collaborateurs, nos clients, et la planète. C’est d’ailleurs pour cette raison que, malgré la crise, nous avons choisi de maintenir notre certification. Nous y voyons un fondement solide pour continuer à construire une entreprise responsable et pérenne.
Malgré la pénurie de certains matériaux la hausse des coûts des matières premières, ou la difficulté de trouver des sous-traitants qualifiés, comment réussissez-vous à maintenir un niveau élevé de qualité des constructions ?
Nous nous appuyons sur deux leviers essentiels : notre réputation et la fidélité des relations que nous avons construites dans le temps.
D’abord, la notoriété de Mas Provence, bâtie sur plusieurs décennies, est un véritable atout. Dans la région, travailler pour notre groupe est perçu comme une marque de confiance et de professionnalisme. Cette réputation attire des partenaires sérieux et compétents, ce qui est devenu précieux dans un contexte où les bons artisans sont très sollicités.
Ensuite, il faut noter que la pénurie de matériaux, telle qu’on l’a connue récemment, s’est atténuée. Le marché de la construction s’est fortement contracté, près de 60 % de baisse d’activité, ce qui a allégé la pression sur les approvisionnements. Pour autant, les matériaux ont effectivement augmenté en coût.
Face à cela, notre stratégie est claire : nous privilégions les circuits courts. Nous collaborons avec de nombreux fabricants français, souvent locaux, car nos matériaux sont lourds, peu transportables et sensibles aux aléas. La proximité nous permet de garantir à la fois la qualité et la réactivité. 85 % de nos matériaux sont produits en région PACA ou en Occitanie.
Pour les artisans, c’est la durée de la relation qui fait la différence. Beaucoup de ceux avec qui nous travaillons aujourd’hui ont été formés par Maurice Armand, et certains sont même les enfants d’artisans de la première génération. C’est cette fidélité, basée sur le respect mutuel, la rigueur et le temps, qui permet de maintenir un haut niveau d’exigence.
Nous n’avons pas de recette miracle. C’est la constance, la qualité des relations humaines, la planification rigoureuse et le respect de nos partenaires qui nous permettent d’atteindre le niveau de qualité que nous visons.
Toutes les études montrent que le rêve des Français, c’est d’être propriétaire, notamment d’une maison individuelle. Les contraintes réglementaires sont encore fortes, le nombre de maisons individuelles construites a été divisé par 3 ou 4 en quelques années mais le PTZ est de nouveau ouvert aux maisons individuelles. Est-ce que cela a influencé votre activité ?
Effectivement, la chute a été brutale : on est passé d’une moyenne de 120 000 à 130 000 maisons individuelles par an à moins de 50 000 l’année dernière. Le dispositif du PTZ, combiné à une baisse des taux d’intérêt à l’automne, a permis de débloquer partiellement la situation. Les acquéreurs, qui avaient vu leur accès au crédit fortement restreint, retrouvent aujourd’hui un peu de marge de manœuvre. Les banques recommencent à proposer des financements, et le PTZ vient compléter cet élan.
On observe donc une reprise, mais elle reste modérée. On pourrait remonter autour de 70 000 maisons cette année, mais on est encore loin des niveaux d’avant-crise. Disons que la chute s’est arrêtée, et que la reprise est lente mais engagée.
Cela dit, au-delà des outils financiers, le principal frein reste le contexte global. Pour construire une maison, il faut pouvoir se projeter sur le long terme. Or, l’instabilité internationale, qu’elle soit politique, économique ou géopolitique, rend les ménages plus prudents. La maison individuelle, le logement en général, nécessite une forme de confiance dans l’avenir, qui aujourd’hui est fragilisée.
Il faut aussi relativiser ce que l’on appelle « le rêve de maison individuelle ». Ce n’est plus un idéal permanent, mais une solution jugée pertinente à certaines étapes de la vie. On commence souvent en appartement, puis lorsqu’on a des enfants, on aspire à plus d’espace, souvent en périphérie. Puis, avec l’âge, certains reviennent vers des logements plus urbains, plus pratiques.
C’est cette diversité d’usages et de parcours qui nous pousse à revoir notre positionnement. Nous ne nous présentons plus uniquement comme un constructeur de maisons individuelles, mais comme un opérateur de projet individuel sur-mesure propre à chaque client. Ces projets recouvrent des réalités très variées : de petites maisons mitoyennes en zone dense à de grandes villas dans des secteurs plus résidentiels comme le bord de mer.
Chaque typologie correspond à un mode de vie, à une période, à un besoin spécifique. Notre métier consiste donc à proposer des réponses adaptées à ces moments de vie.
Qu’attendez-vous de la certification NF Habitat dans les prochaines années ? Doit-elle évoluer ?
Oui, la certification NF Habitat doit continuer à évoluer pour rester en phase avec les enjeux de notre époque. Nous identifions plusieurs axes d’amélioration.
Le premier concerne l’intégration plus explicite des engagements sociétaux, environnementaux et technologiques. Aujourd’hui, la certification NF Habitat HQE reste un peu générique. Il faudrait aller plus loin dans la précision, mieux valoriser les démarches internes des entreprises autour du social, de l’impact environnemental ou des nouvelles technologies.
Ensuite, la certification devrait devenir plus lisible et accessible pour les clients. L’idéal serait qu’ils deviennent eux-mêmes acteurs de leur démarche de certification. Cela renforcerait leur implication, leur compréhension et leur engagement dans le projet. Ce lien direct pourrait être renforcé par des outils digitaux, qui offrirait une vue claire et interactive sur les engagements de leur constructeur et les étapes de leur maison certifiée.
Enfin, nous pensons qu’il serait très pertinent de renforcer les connexions entre les entreprises certifiées. Aujourd’hui, beaucoup d’entre nous partagent des problématiques similaires, mais les échanges restent limités. Mieux structurer cette « communauté des certifiés multi-métiers » permettrait de mutualiser les expériences, de favoriser l’innovation croisée et de faire évoluer ensemble nos pratiques.
En résumé, la certification doit être un outil vivant, interactif, qui parle autant aux professionnels qu’aux clients, et qui favorise les synergies entre acteurs engagés dans une même démarche de progrès et d’innovation.