4 questions à Nathalie Arthaud

La campagne présidentielle est un moment démocratique fort. L’occasion d’interpeller les candidats sur la vision qu’ils portent en matière de logement. C’est dans ce contexte que l’Association QUALITEL a recueilli leurs idées sur les thématiques qui lui sont chères comme la qualité d’usage, la rénovation, l’adéquation entre l’offre et la demande… 

QUALITEL :

1

La mesure phare du programme en faveur du logement

Le logement n’est pas seulement le premier poste de dépense des ménages des Français, il est aussi un des marqueurs des inégalités et la crise sanitaire en a été un bon révélateur. Pourtant, il n’est pas très présent dans cette campagne présidentielle (mais également dans les précédentes). Quelle est la mesure phare de votre programme en faveur du logement ?
2

La rénovation énergétique

La rénovation énergétique des logements est un prérequis essentiel à l’atteinte de la neutralité carbone à l’horizon 2050 mais également au maintien du pouvoir d’achat de nombreux Français. En parallèle, plus de 80 % des logements de 2050 sont d’ores et déjà construits. Quels leviers seront mis en place pour soutenir une rénovation appropriée des logements ?
3

L'offre de logements face aux aspirations des Français

Le constat est unanime sur le déficit fort de logements dans certains territoires ou sur l’inadéquation entre la nature de l’offre et les aspirations des Français. En tant que Présidente, quelles mesures prendrez-vous pour résoudre cette problématique ?
4

La qualité des logements en France

On parle moins de la qualité des logements eux-mêmes, pourtant remise en exergue par la crise sanitaire qui a révélé des inégalités et de nouveaux besoins en termes de confort thermique, acoustique, qualité de l’air, superficie, agencement, luminosité… Concrètement, quelles mesures comptez-vous mettre en place pour permettre à chaque Français de vivre dans un logement répondant aux critères fondamentaux de qualité d’usage évoqués ci-dessus et en phase avec leurs attentes ?

Nathalie Arthaud :

Le scandale du logement et de la pauvreté

300 000 personnes sans domicile, le double d’il y a dix ans. C’est le bilan accablant de la fondation Abbé Pierre.

Devenir SDF peut concerner n’importe quel travailleur. Après un licenciement, une séparation ou un accident de la vie. Et nombre de SDF sont des travailleurs mal payés dans l’incapacité de payer un loyer et pour qui la voiture devient un toit. Dans la rue, c’est mission impossible pour manger, boire, prévoir où dormir en sécurité, se laver, nettoyer ses vêtements, se soigner… 587 personnes sans-abri en sont mortes en 2020.

Des travailleurs migrants qui, dans leur pays, subissaient la guerre ou la pauvreté se retrouvent souvent à la rue.  Ils sont chassés de leurs logements de fortune et les bénévoles qui distribuent des vivres sont à leur tour chassés des centre villes comme à Calais.

Cette incapacité à loger dignement la population laborieuse dans un des pays les plus riches du monde fait partie des signes les plus révoltants de la barbarie de notre société, société qui choisit à côté d’investir 7 milliards d’euros pour construire un village olympique.

Il n’y a quasiment pas de logements locatifs à bon marché, 2,2 millions de ménages en attendent un. La production de logements sociaux  n’a jamais été aussi basse. Les prix ont augmenté de 154 % en 20 ans.  Le résultat c’est qu’en France, quatre millions de personnes sont privées de logement ou sont mal logées et 12,1 millions sont touchées à des degrés divers par la crise du logement. Basculer vers la rue peut donc aller très vite.

Non seulement les pouvoirs publics laissent la situation se dégrader, mais ils sont responsables de la montée de la misère. En facilitant les licenciements, en refusant d’embaucher dans les services publics, en diminuant les allocations chômage, l’État pousse des milliers de travailleurs vers la pauvreté, dont le mal-logement n’est que la partie la plus visible. Et comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement a réformé l’APL en réalisant 4 milliards d’économies par an sur les ménages.

Alors oui, il faudrait en urgence que toutes les communes puissent héberger les sans-abris. On n’avance pas, parce que tous ceux qui se hissent au pouvoir sont trop respectueux des intérêts des propriétaires, des promoteurs et des spéculateurs de l’immobilier ! Parce que, pour eux, la loi du marché et de la propriété privée est supérieure au droit d’avoir un toit sur sa tête !

La loi qui permet de réquisitionner les logements vides existe déjà. Il faut l’appliquer, tout de suite, et réquisitionner des appartements ou des bureaux appartenant à des grands groupes qui spéculent sur l’immobilier et les transformer en logements sociaux.

Il faut que l’État investisse pour construire des structures d’accueil. Il est urgent aussi qu’il construise les logements indispensables en embauchant lui-même le personnel nécessaire, sans passer par les capitalistes du bâtiment. Il pourrait ainsi les louer à prix coûtant et garantir des loyers accessibles aux classes populaires.

 

Pour garantir la neutralité de sa démarche, l’Association QUALITEL a sollicité et relancé tous les candidats selon la même procédure  : questionnaire identique et même nombre de signes maximum. QUALITEL s’engage à publier l’ensemble des réponses reçues d’ici le 8 avril.

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