Stéphane DAUPHIN, Directeur Général de Seqens : un plan ambitieux pour des logements durables et de qualité

Né de la fusion de 6 filiales d’Action Logement en 2019, Seqens est un des acteurs majeurs du logement social en Ile-de-France. Il s’illustre par une présence forte sur l’ensemble du territoire francilien, avec un parc de 106 000 logements, dont 12 000 logements spécifiques. Il développe une grande stratégie bas carbone et engage un plan ambitieux, non seulement de construction, mais aussi de réhabilitation de son parc. L’objectif pour Stéphane DAUPHIN, son Directeur général, est clair : offrir aux locataires des logements durables et de qualité, tout en réduisant leurs consommations d’énergie.

Vous réalisez plus de 50 % de vos projets de construction de logements en maîtrise d’ouvrage directe. Quelle stratégie avez-vous mise en place pour répondre aux attentes de vos locataires en matière de qualité et de confort ?

Notre stratégie en matière de qualité de l’habitat et respect des normes environnementales irrigue l’ensemble des projets portés par le groupe. Il est vrai que le fait de réaliser 50 % de nos projets en MOD nous permet d’être directement acteur de cette stratégie et d’en maîtriser la mise en œuvre. D’ailleurs, 100 % de nos programmes en MOD sont certifiés par CERQUAL Qualitel Certification.

Nos locataires aspirent légitimement à vivre dans des logements confortables, économes en énergie, bien insonorisés, lumineux et dans un cadre de vie agréable. Les équipes de Seqens travaillent pour répondre à ces attentes, tant en matière de construction que de réhabilitation. C’est un défi quotidien.

Pour les atteindre, nos cahiers des charges sont exigeants. Chaque année, pas moins de 4000 logements neufs sortent de terre et 4000 sont réhabilités par Seqens. Tous s’inscrivent dans cette démarche de respect des normes environnementales et plus largement dans le cadre de notre stratégie bas carbone.

Pour que nos locataires vivent dans les logements confortables, de qualité à des prix maîtrisés, nous déployons de nouveaux outils innovants pour anticiper la transition environnementale (raccordement aux réseaux de chaleur fonctionnant avec des énergies renouvelables, utilisation de matériaux biosourcés, créations d’îlots de fraîcheurs, développement des mobilités douces, etc.).

Dans ce cadre, quels outils permettent selon vous de garantir aux résidents, mais aussi à des tiers (collectivités, financeurs, etc.), la qualité des logements livrés ?

La certification est une démarche nécessaire et indispensable pour mesurer les performances énergétiques de nos logements et le respect des normes en vigueur.

Si les résidents recherchent avant tout le confort sonore ou thermique, la luminosité, des charges maîtrisées, etc., la certification est à mon sens une garantie pertinente vis-à-vis des tiers, et notamment des financeurs comme l’Etat, qui accordent par exemple des exonérations sur présentation d’un certificat QUALITEL.

Cela nous permet d’objectiver la performance énergétique de nos immeubles, qu’il s’agisse de construction neuve ou d’ensembles réhabilités, que ce soit en maîtrise d’ouvrage ou en VEFA.

Cette « contrainte » s’impose à l’ensemble des filiales du groupe Action Logement de manière uniforme et je dirais que c’est une démarche indispensable pour s’assurer que nous atteignons nos objectifs !

Alors que la demande en logement social est toujours plus forte notamment en Ile-de-France, l’objectif de Zéro Artificialisation Nette limite l’utilisation du foncier. Comment arrivez-vous à concilier ces deux exigences ? La réhabilitation du quartier Joliot à Igny s’inscrit-elle dans cette démarche ?

C’est le grand défi du secteur du logement ! Nous devons nous réinventer et concilier préservation des ressources et de la biodiversité, avec le renforcement de l’offre en logements, plus que jamais nécessaire.

C’est toute l’idée de recréer la ville sur la ville, de trouver de nouvelles ressources, de redonner de la valeur à certains quartiers. C’est le sens de notre programme « la ville avec Seqens ». Seqens prend ses responsabilités dans le combat contre le réchauffement climatique et se dote ainsi de moyens nécessaires à la mise en œuvre de ses ambitions sur le long terme pour préserver les ressources (sol, énergie, matière) et limiter son impact environnemental (carbone, déchets, pollution).

La réhabilitation du quartier Joliot s’inscrit en effet dans cette démarche. L’objectif pour nous et pour la commune bien sûr, est de requalifier totalement ce site, exclusivement composé de logements sociaux, en proposant une densification raisonnable à l’échelle du quartier, permettant d’y introduire de la mixité sociale et fonctionnelle, avec des équipements adaptés et des espaces publics modernes et requalifiés.

Pour Seqens, une telle intervention à l’échelle du quartier permet de renouveler totalement son patrimoine et constitue une opportunité pour accroître son offre en développant des logements de qualité, qui répondent aux objectifs thermiques et aux normes de confort actuels. C’est un projet d’envergure, complexe et ambitieux qui va se dérouler sur plusieurs années et qui a nécessité un montage financer et opérationnel inédit avec notre partenaire Eiffage. Les études étant lancées, les premiers permis obtenus, la première phase de démolition de logements sociaux et construction va pouvoir démarrer début 2024. Le projet se poursuivra jusqu’en 2030. A terme, un nouveau quartier verra le jour, comprenant environ 650 logements, dont la moitié seront sociaux. Nous relevons ici le défi de reconstruire la ville sur la ville, en préservant le foncier tout en renforçant l’offre de logements.

Autre défi auquel vous êtes confronté : la décarbonation. Quelles innovations porte le Groupe Seqens pour accélérer celle de son parc ?

Nous savons que l’impact carbone du secteur du logement est immense, qu’il provienne de la construction, de la réhabilitation et bien sûr de l’exploitation. Et nous devons collectivement nous engager à réduire drastiquement les émissions carbone.

La réduction de notre impact carbone est l’un des 3 axes prioritaires de notre Stratégie Climat (Énergie / Carbone – Économie des ressources – Adaptation aux changements Climatiques et sociétaux). Pour y parvenir, nous avons par exemple mis en place une politique volontariste de suppression des énergies fossiles en diminuant de 30 % le parc chauffé uniquement aux énergies fossiles d’ici 2030 et en le supprimant totalement d’ici 2040, mais aussi en éradiquant les étiquettes D, E, F et G.

En complément, le réemploi dans le secteur de la construction n’est plus une option, c’est une nécessité. Pour rappel : le secteur de la construction de bâtiments et des travaux publics génère 240 millions de tonnes de déchets par an, soit 70 % des déchets en France. L’économie circulaire est donc une réponse de bon sens à la production croissante de déchets, qu’ils proviennent de la construction ou de la réhabilitation de bâtiments.

L’objectif pour Seqens est clair :  0 émission nette en 2040 !

Le groupe s’illustre avec la réalisation d’un ensemble immobilier à Gennevilliers à partir de béton 100 % recyclé. En quoi cette innovation peut-elle à terme influer sur la stratégie bas carbone du Groupe ?

C’est le début je l’espère d’une longue aventure ! Et l’exemple parfait de l’innovation qui a vocation à influer largement sur la stratégie bas carbone du Groupe, mais au-delà, à repousser les limites et les codes de la construction.

C’est le fruit d’un partenariat avec Holcim qui a permis d’envisager des solutions de massification d’un nouveau matériau durable, le béton 100 % recyclé « Recygénie ». Ce béton est composé uniquement de matériaux issus de l’économie circulaire et du réemploi : le clinker du ciment est 100 % recyclé, mais aussi les granulats et l’eau utilisée. Ainsi, pas moins de 1600 m3 de béton 100 % recyclés vont être utilisés pour la construction de la superstructure d’un ensemble de 76 logements sociaux à l’horizon fin 2024 à Gennevilliers.

Vous l’aurez compris, cette innovation répond en tous points à notre stratégie Climat dans son volet économie des ressources et réduction des déchets. Et nous sommes d’ailleurs très fiers d’avoir reçu un trophée de l’innovation au dernier congrès de l’USH pour cela. Mais nous sommes surtout soucieux que cette innovation ait valeur d’exemple dans le monde de la construction et de l’habitat, et soit le début d’une longue aventure collective en faveur d’un habitat plus respectueux de l’environnement. Ce n’est qu’en avançant ensemble, dans la même direction, que nos objectifs environnementaux, partagés je le sais, seront atteints.

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