Qualité de l’air, matériaux, pollutions… quels impacts le logement a-t-il sur notre santé ?

Les enjeux de la qualité de l’habitat décryptés par nos experts. La Direction des Études et Recherche nous explique quelles conséquences l’habitat peut avoir sur notre santé.

En quoi le bâtiment peut avoir un impact sur notre santé ?

Traditionnellement, quand on parle de santé dans le bâtiment, on pense à la qualité de l’air intérieur. En effet, divers polluants (provenant des matériaux, d’agents chimiques ou biologiques, de l’eau…) sont présents dans l’air et peuvent avoir un impact plus ou moins important sur la santé des occupants.

Mais la santé ne dépend pas seulement de la qualité de l’air intérieur du logement. La lumière (confort visuel et luminosité) ainsi que l’acoustique agissent sur notre confort et nos cycles biologiques (phases d’éveil et de sommeil, concentration…). Enfin, les ondes électromagnétiques (provenant du tableau et des appareils électriques, de la box wifi…), largement présentes dans notre environnement, peuvent être à l’origine de divers troubles (maux de tête par exemple).

 

On parle de « syndrome du bâtiment malsain », pouvez-vous nous expliquer ce que c'est ?

Le syndrome des bâtiments malsains ou « sick building syndrome » (SBS) est une association de symptômes non spécifiques liés à un séjour, bref ou prolongé, dans un bâtiment : rhinite, nez bouché, sécheresse de la gorge, irritation ou sécheresse oculaire, maux de tête…

Il n’existe pas de définition universelle de ce syndrome, mais, dans son rapport annuel 2007, l’institut de veille sanitaire (InVS) le décrit comme des « épidémies » survenant dans des bâtiments neufs, mal ventilés ou contenant des polluants chimiques. Les symptômes s’arrêtent dès que l’occupant quitte le bâtiment concerné.

Quels sont les types de polluants que l'on retrouve dans l'air d'un logement ? D'où viennent-ils et quelles sont les conséquences sur notre santé ? Comment lutter contre leur présence ?

Les polluants peuvent être d’origine extérieure comme les pollens, les pesticides, les polluants chimiques liés à l’industrie, le trafic routier (polluants chimiques, particules) ou encore le radon (gaz présent dans les sols de certaines régions : sols granitiques liés à des massifs montagneux).

Concernant les sources intérieures, les polluants sont liés soit au bâtiment en lui-même, soit au comportement des occupants. On retrouve ainsi des polluants chimiques de types composés organiques volatils (COV), des moisissures (pouvant se développer à cause d’une trop forte humidité et d’un manque de renouvellement d’air) ou encore des particules et des champs électromagnétiques.

Leurs impacts sanitaires sont variés. Ils peuvent aller des maux de tête aux irritations et jouer un rôle non négligeable dans l’apparition de certaines maladies comme le développement d’allergies ou d’asthme.

Pour limiter la présence de ces polluants dans l’air intérieur, il faut bien évidemment faire attention à son comportement (utilisation de bougies ou d’encens, tabagisme, activités domestiques comme le ménage ou le bricolage) et aérer régulièrement (surtout lors d’activités «  à risque », c’est-à-dire qui sont source d’émission de polluants : cuisine, ménage, bricolage principalement).

Par ailleurs, le choix des matériaux de construction (via l’étiquetage sanitaire notamment) et l’entretien du système de ventilation sont également des éléments clés pour une bonne qualité de l’air dans le logement.

Quelle est la réglementation française sur le sujet ?

Il existe à l’heure actuelle peu de réglementation sur la qualité de l’air intérieur à proprement parler. La dernière réglementation sur la ventilation remonte à 1982 (alors que les réglementations thermiques n’ont cessé d’évoluer et que les bâtiments sont de plus en plus étanches) et précise les débits d’air à respecter pour renouveler l’air des logements.

Depuis 2012, les matériaux de construction et de décoration en contact avec l’air intérieur doivent disposer d’une étiquette sanitaire indiquant leur niveau d’émission de certains polluants. Certains bâtiments ont de plus été identifiés comme prioritaires : ceux recevant des publics sensibles, écoles et crèches. La réglementation prévoyait d’imposer des mesures obligatoires de qualité de l’air intérieur, mais leur mise en place, prévue initialement pour 2015, a été reportée à 2018 : celles-ci ne sont plus obligatoires et peuvent être remplacées par une autoévaluation de la qualité de l’air au moyen d’un guide pratique.

Vous évoquez l'étiquetage sanitaire des matériaux : à quoi sert-il exactement ?

L’étiquetage sanitaire a pour vocation de sensibiliser sur les polluants que peuvent émettre les matériaux de construction et de décoration. Une dizaine de polluants émis par les matériaux ont été identifiés pour leur impact important sur la santé et leur présence dans l’air intérieur. Les industriels doivent ainsi respecter des seuils d’émissions pour ces différents polluants classant les matériaux de C à A+ (A+ étant la note la plus favorable). Une majorité de produits proposés sur le marché est aujourd’hui étiquetée A+. A l’heure actuelle, l’arrêté d’étiquetage doit être étendu au mobilier mais il ne concernera que le formaldéhyde. L’entrée en vigueur est prévue pour 2020.

QUALITEL travaille plus précisément sur le sujet de l'amiante en partenariat avec le CSTB. Pouvez-vous nous présenter ce programme de recherche ?

Dans le cadre des travaux du Plan de recherche et développement Amiante (PRDA), les parties prenantes ont exprimé le besoin d’un outil en ligne permettant de fournir une aide au repérage des matériaux amiantés dans les bâtiments. L’outil envisagé est à destination : d’une part, des maîtres d’ouvrage, pour les aider à mieux cerner le sujet de l’amiante et à encadrer les prestations de repérage d’amiante ; et, d’autre part, à destination des opérateurs de repérage pour améliorer, dans la mesure du possible, l’efficience des repérages.

À l’heure actuelle, le développement de l’outil, porté par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), a reçu un financement de la part du PRDA. QUALITEL sera partie prenante dans ce projet en y contribuant financièrement, mais aussi en participant aux comités de pilotage.

Quel rôle joue la certification délivrée par CERQUAL QUALITEL Certification sur ces différents sujets ?

Avant 2010, la santé était peu abordée dans nos certifications. Progressivement, nous avons mis en place des projets de recherche sur la ventilation, les émissions de matériaux ou encore la qualité de l’air intérieur afin de proposer de nouvelles exigences et des recommandations.

Aujourd’hui, une rubrique Qualité de l’air intérieur a fait son apparition dans le dernier référentiel NF Habitat et des mesures de qualité de l’air intérieur sont demandées en niveau HQE. Le confort visuel et la qualité acoustique représentent également des sujets prépondérants dans nos différents référentiels.

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