Expérimentation du label E+ C- : où en est-on 2 ans après ?

Pour obtenir le label E+C-, les opérations de construction doivent atteindre des niveaux de performance en termes d’efficacité énergétique et de réduction des émissions de GES. Mais où en sont vraiment les acteurs face à ce double défi ? Les niveaux définis sont-ils atteignables ? Quelles solutions techniques permettent de répondre à ces enjeux ? Quelles difficultés persistent ?

Des demandes de label encore faibles mais qui progressent

Dans le cadre de l’expérimentation lancée en novembre 2016, CERQUAL Qualitel Certification délivre le label Énergie Positive & Réduction Carbone (E+C-) à des opérations engagées dans la certification NF Habitat – NF Habitat HQE.

En novembre 2018, 4 % des demandes de certification de logements incluent le label E+C-, soit près de 200 opérations. C’est un niveau encore assez marginal, mais qui révèle un intérêt croissant pour ce nouveau label. De nouvelles façons de faire, une méthodologie à assimiler, des solutions techniques à trouver, des coûts supplémentaires à supporter… les professionnels ont encore besoin de temps d’appropriation pour se lancer massivement dans ce label.

Intérêt avéré de la phase expérimentale

Ces premières demandes sont pourtant le signe que les professionnels du secteur de la construction comprennent l’intérêt de la phase expérimentale. Ils choisissent de participer dès maintenant à l’élaboration de la nouvelle Réglementation Environnementale RE2020 plutôt que de se voir imposer des exigences réglementaires trop difficiles qui ne répondraient pas à la réalité du terrain.

Des retours d’expérience riches d’enseignements sur les solutions techniques

CERQUAL Qualitel Certification a déjà délivré une soixantaine de labels dont près de 80 % d’entre eux atteignent le niveau E2 C1.

En termes de solutions énergétiques, les grands gagnants sont pour l’instant :

  • le bois énergie, qui bénéficie d’un fort avantage avec sa consommation en énergie primaire considérée comme nulle par convention de calcul,
  • et les réseaux de chaleur urbain (RCU) intégrant plus de 70 % d’énergies renouvelables.

Pour l’indicateur Énergie

Pour l’indicateur « Bilan Bepos », les solutions classiques du type gaz collectif ou chauffe-eau thermodynamique obtiennent quasiment toutes les niveaux E1 et E2. Pour atteindre le niveau E3, le recours au photovoltaïque en complément est nécessaire.

Pour l’indicateur Carbone

C’est surtout le recours à des données environnementales spécifiques, beaucoup moins impactantes que les données génériques par défaut (MDEGD) et les valeurs forfaitaires pour les lots simplifiés, qui permet d’atteindre de meilleurs résultats. Cette démarche nécessite plus de temps de conception que les forfaits proposés mais elle se révèle gagnante quand il s’agit d’atteindre des performances supérieures.

Données, méthodologie, accès à l’information… : des pistes d’amélioration

Sur certains aspects de ce label, il reste encore des points d’amélioration :

  • Renforcer la quantité et la représentativité des données environnementales, notamment sur les lots techniques, avec les Fiches de déclaration environnementale et sanitaire (FDES) et le Profil Environnemental Produit (PEP). Même si elles progressent, elles se révèlent encore insuffisantes.
  • Stabiliser les données de la base INIES (base de données environnementales et sanitaires de référence pour le bâtiment).

De plus, des questions méthodologiques persistent :

  • sur le périmètre à prendre en compte (cas des opérations multi-usages, ou multi-bâtiments),
  • sur l’exhaustivité des études environnementales à fournir (jusqu’où aller dans la précision de la description du bâtiment et de sa parcelle),
  • sur les écarts entre les résultats à la conception et à réception, notamment avec la prise en compte d’aménagements non intégrés au premier permis de construire (par exemple, les piscines en maison individuelle) ou encore les références commerciales ne correspondant pas aux produits réellement mis en œuvre…

Du côté de l’évaluation, le récapitulatif standardisé énergétique et environnemental (RSEE) doit être perfectionné (bugs d’export, données manquantes…). Par ailleurs, les erreurs d’affectation de données environnementales, de quantités associées, d’exhaustivité sont encore les plus récurrentes.

Des difficultés persistent également pour obtenir tous les documents justificatifs de l’étude. En effet, le bureau d’étude doit réaliser les études thermiques et environnementales à deux reprises : en conception et à réception.

Et en particulier pour la maison individuelle

En ce qui concerne la maison individuelle, on comptabilise aujourd’hui 15 demandes de label avec 5 maisons l’ayant déjà obtenu. Les solutions classiques (béton ou brique, avec chaudière gaz ou pompe à chaleur) atteignent toutes les niveaux E2 C1, voire E3 en présence de panneaux photovoltaïques.

Du point de vue de la méthodologie, des difficultés apparaissent, en lien avec la disponibilité ou non de certains documents, notamment les devis quantitatifs.

Un rôle essentiel à jouer pour le certificateur

Ces constatations prouvent que le travail certificateur de CERQUAL Qualitel Certification, basé sur des vérifications approfondies, reste indispensable afin de présenter des études solides et détaillées dans l’observatoire de l’expérimentation.

Pour CERQUAL, une grande partie des difficultés rencontrées actuellement dans l’expérimentation pourraient être éliminées en modélisant une liste figée de composants. Cette liste permettrait de garantir des périmètres de calculs identiques entre projets et donc des temps d’études nettement réduits. Et pour aller plus loin, ce temps économisé pourrait être utilisé pour tester des variantes, faire de l’écoconception, innover en recherchant des choix constructifs moins impactants.

Anticiper les évolutions : un enjeu pour Qualitel

Pour QUALITEL, l’apport du BIM représente également un véritable enjeu dans la généralisation des calculs en rendant compatible les outils informatiques ainsi que les bases de données pour accélérer les études.

Cela fait maintenant près de 10 ans que QUALITEL suit les travaux d’Analyse du cycle de vie (ACV) du bâtiment, avec les premiers tests HQE Performance, et se réjouit de la généralisation de cette pratique. On ne peut que constater une évolution dans sa maitrise par les bureaux d’études, souvent thermiques, qui se sont emparés du sujet. L’ensemble des acteurs de la construction commencent aussi à s’approprier la méthode. Avec l’organisation de nouveaux groupes de travail pour préparer la RE 2020, QUALITEL s’interroge cependant sur les possibles évolutions méthodologiques qui pourraient bousculer ces nouvelles habitudes.

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