Mur de refend : à quoi sert-il et comment le reconnaître ?

Un bâtiment d’habitation se compose de différents types de murs dont les rôles et l’importance varient. Le mur de refend est un mur porteur situé à l’intérieur d’un bâtiment.

Contrairement à une cloison, le mur de refend répond à une fonction structurelle et participe activement à la stabilité de l’ouvrage.

Zoom sur les cloisons semi-porteuse : dans les bâtiments anciens, des cloisons initialement conçus pour ne supporter de charge peuvent avec le temps (propagation des charges, flèche sur un plancher, etc…) se retrouver à supporter une partie des charges. Il s’agit des cloisons dites « semi-porteuse ». Il est très difficile de repérer facilement des cloisons semi-porteuse car elles n’ont pas été conçue pour cette fonction à l’origine. C’est pourquoi, et particulièrement sur les bâtiments anciens, il est recommandé de faire appel à un professionnel pour tout projet de restructuration intérieure

En effet, il sert à retransmettre les charges, comme le poids des planchers, de la toiture ou d’autres éléments portés, sur la longueur ou la largeur de la maison vers les fondations. Selon les cas, le mur de refend peut être placé dans l’axe central de la maison ou en appui transversal pour renforcer la rigidité de la structure.

Les murs de refend se retrouvent dans tous les types de constructions résidentielles : maison ou bâtiment collectif, neuf ou ancien.

Comprendre les fonctions du mur de refend permet de mieux appréhender les enjeux liés à la construction, à la rénovation ou à la suppression de ce type de mur dans le cadre d’un projet de restructuration.

Fonction structurelle

Rôle structurel contribuant à la stabilité de l’ensemble du bâtiment, le mur de refend :

• soutient les planchers intermédiaires ;
• transmet les charges verticales jusqu’aux fondations ;
• renforce la rigidité globale de la structure ;
• empêche les déformations latérales du bâti (torsions, affaissements, etc.).

Ce mur peut aussi jouer un rôle dans le contreventement, c’est-à-dire qu’il résiste aux forces horizontales, comme le vent ou les mouvements sismiques. C’est d’autant plus vrai dans les constructions anciennes, où les murs de refend sont souvent épais et massifs.

Autrement dit, sans murs de refend, une maison peut se fissurer, s’affaisser, voire s’effondrer à long terme.

C’est un élément porteur central, souvent difficile à identifier à l’œil nu, sauf si l’épaisseur peut-être estimée, mais indispensable à la sécurité du bâti.

Influence du mur de refend sur le comportement thermique du bâtiment

Le mur de refend peut influencer le comportement thermique d’un logement et de l’ensemble d’un bâtiment selon sa nature (matériaux, masse).

Un logement doté de refends lourds, en béton, brique pleine, pierre ou parpaings, présente une inertie thermique lourde supérieure à celle d’un logement constitué de cloisons légères. Cette inertie permet de limiter les variations de température intérieure, surtout lorsque l’isolation extérieure est performante. En effet, le mur accumule la chaleur et contribue ainsi à un meilleur confort thermique.

En revanche, le mur de refend peut devenir un point de déperdition, c’est-à-dire créer un pont thermique, lorsqu’il est situé à la jonction d’un plancher ou d’un mur donnant sur l’extérieur. Si la continuité de l’isolation n’est pas assurée à ces points de contact, la chaleur s’échappe à travers ce qu’on appelle un pont thermique.

Ces zones peuvent alors être à l’origine de déperditions d’énergie, de phénomènes de condensation et, à long terme, des traces d’humidité peuvent apparaître.

En rénovation, même lourde, il est très rare de créer des murs de refend. En effet, la mise en œuvre d’une isolation continue ou de rupteurs de ponts thermiques est extrêmement rare. Par contre ça peut être judicieux de parler de l’ITE qui va traiter ce problème à la source en supprimant directement le pont thermique et faire le lien avec l’article précédent.

Ainsi, même s’il ne donne pas sur l’extérieur, le mur de refend reste un élément pouvant participer au confort thermique. S’il est bien conçu et bien intégré à l’isolation du bâti, le mur de refend contribue évidemment à la stabilité du bâtiment, qui est sa fonction première, mais également à participer à l’amélioration du confort thermique en apportant de l’inertie.

Identifier un mur de refend n’est pas toujours évident, surtout dans un logement ancien ou ayant subi plusieurs rénovations. Pourtant, avant d’envisager des travaux, savoir quels murs intérieurs sont porteurs ou non s’impose. Voici les principales méthodes pour le reconnaître.

Indices visuels

Certains signes concrets peuvent vous mettre la puce à l’oreille :

• l’épaisseur d’un mur de refend est souvent comprise entre 15 à 20 cm, contre 5 à 10 cm pour une cloison en plaques de plâtre. C’est l’un des premiers indices à vérifier ;
• si le mur est en maçonnerie lourde, type brique pleine, ou en voile béton, il y a de fortes chances qu’il soit porteur. Les cloisons sont creuses ou en matériaux plus légers ;
• un mur de refend se trouve généralement dans l’axe central de la maison ou perpendiculaire aux murs extérieurs. Il peut aussi correspondre à une symétrie structurelle, un appui logique pour la charpente ou les planchers par exemple ;
• si un mur intérieur supporte un escalier, une cheminée, une poutre, ou s’il est directement sous un mur du niveau supérieur, cela renforce l’hypothèse qu’il s’agit d’un mur de refend.

Consultation des plans

Tous les indices vus précédemment requièrent, autant que possible, la consultation de plans de la maison ou de la copropriété pour vérifier l’hypothèse de la présence d’un mur de refend avant d’entamer une démolition ou l’ouverture d’un mur porteur.

Si vous avez accès aux plans de construction (permis de construire, plans d’architecte ou dossier de diagnostics techniques), vous pouvez y repérer facilement les murs porteurs. Ils y sont souvent indiqués par :

• une hachure plus épaisse ou un trait double ;
• une mention explicite ;
• un positionnement stratégique dans la trame structurelle.

Si vous ne disposez pas des plans de votre logement, vous pouvez solliciter votre mairie pour en demander une copie auprès du service de l’urbanisme.

Faire appel à un professionnel

Lorsque le doute persiste, ce qui est fréquent dans les logements anciens ou modifiés à plusieurs reprises, sollicitez l’expertise d’un architecte, d’un bureau d’études structure ou d’un ingénieur béton.

Ces professionnels peuvent :

• effectuer une analyse structurelle sur site ;
• repérer les éléments porteurs non visibles (linteaux, poteaux, poutres encastrées, poutrelles, etc.) ;
• déterminer avec certitude si vous pouvez modifier ou supprimer le mur sans risque.

Dans certains cas, une étude structurelle s’impose, notamment en copropriété ou lors d’un dépôt de permis de construire modificatif.

Supprimer ou ouvrir un mur porteur peut sembler tentant pour agrandir un espace ou créer une cuisine ouverte. Attention ! Ce n’est pas un mur comme les autres cloisons, car il soutient tout ou partie de la structure du bâtiment. Toute modification nécessite donc une approche technique et prudente, sous peine d’impacter la solidité de votre logement.

Risques

Abattre un mur de refend sans prendre de précautions peut entraîner :

• des fissures sur les murs ou les plafonds ;
• un affaissement des planchers ;
• une instabilité de la charpente ;
• dans les cas extrêmes, un effondrement partiel du bâtiment.

Ces conséquences ne sont pas visibles immédiatement. Parfois, les dégradations apparaissent plusieurs mois après l’intervention. C’est pourquoi une analyse structurelle vous apporte de précieuses informations si vous envisagez de casser un mur.

Étapes à suivre avant toute modification

Avant d’abattre un mur porteur, suivez ces étapes pour une modification sans risque pour le bâti :

1. Réalisation d’un diagnostic structurel par un professionnel (ingénieur béton ou bureau d’études) ;
2. Détermination des charges portées par le mur (plancher, toiture, murs supérieurs, etc.) ;
3. Conception d’un système de reprise de charge, souvent grâce à une poutre IPN ou à une structure métallique adaptée ;
4. Calcul des dimensions exactes des appuis, des poteaux, voire des fondations, si nécessaire ;
5. Sollicitation d’une entreprise qualifiée pour la réalisation des travaux en demandant la mise en place d’un étayage provisoire pendant les travaux (supports provisoires, types étais).

Casser un mur de refend ne s’improvise pas. Même dans une maison individuelle, un projet d’ouverture d’un mur porteur exige des compétences techniques avérées et parfois des ajustements structurels lourds.

Réglementations et autorisations

En maison individuelle, une déclaration préalable de travaux est requise pour abattre un mur de refend si l’intervention modifie l’aspect extérieur ou la façade.

En copropriété, le mur porteur (ou de refend) est généralement une partie commune. Il faut donc l’autorisation du syndic, souvent obtenue lors d’un vote en assemblée générale, et un dossier technique présentant l’étude structurelle, les plans d’exécution, etc.

Dans certains cas, le règlement de copropriété ou des contraintes locales (zone protégée, monument historique) imposent des démarches plus strictes.

Même si la loi ne l’exige pas partout, recourir à un bureau d’études structure est dans la plupart des cas la condition nécessaire pour être techniquement et juridiquement protégé.

Réglementations et autorisations

Pour supprimer un mur de refend, les règles à respecter dépendent du type de logement concerné par le projet.

En maison individuelle, aucun permis spécifique n’est requis, mais faites quand même toujours appel à un architecte ou à un ingénieur si la modification touche à la structure du bâtiment.

En copropriété, toute modification d’un mur porteur, comme un mur de refend, ou d’un mur mitoyen, nécessite l’autorisation de l’ensemble des copropriétaires par vote lors d’une assemblée générale (AG) des copropriétaires.

Préparez un dossier à présenter en AG qui contiendra au moins :

• l’avis d’un expert structurel pour appuyer votre projet, voire une étude de faisabilité ;
• les plans de l’architecte ;
• les plans d’exécution ;
• une copie de l’assurance décennale de l’entreprise sollicitée pour la réalisation des travaux ;
• un devis relatif à votre projet.

Plus votre dossier sera complet et témoignera de l’absence d’impact sur le reste du bâtiment, plus votre demande de travaux aura de chances d’être acceptée.

En tant que mur porteur, le mur de refend joue un rôle fondamental dans la stabilité de votre maison ou de votre appartement. Connaître la position des murs porteurs et des murs de refend représente une étape essentielle avant tout projet de rénovation.